écrire un poème
en battant des doigts dans l’eau
perte du pas
suivant,
où je te cherche,
mon poème
que je jette à
l’eau
comme un poisson,
attendant que tu me fasses du bien,
afin que tu sois
pour moi d’un bon rapport
et que je sorte
des boutiques sans me soucier des prix très élevés,
que je te porte
comme une paire de chaussures neuves
et, les yeux du
lecteur fixés sur toi, que je les use
il a plu cette
nuit,
tout endormie,
j’ai cuit des
légumes
avec un poème,
celui qui m’a
tiré par le bras, je l’ai essoré puis étendu sur une
corde,
le troisième, je
l’ai battu dans la poussière avec un balai sans le
reconnaître
puis, deux
bâtiments plus loin,
un chien bien
rassasié crie à tue-tête
j’ai laissé mon
poème chez moi, j’ai couru dehors
pour aller à
l’école et au travail
pour aimer et
être aimée
c’était le mois
d’avril sentimental doux et doux désagréable
comme une robe
non repassée comme une cigarette non fumée
comme une passion
non possédée
comme du café
amer et comme ma mère en pleurs
ô mon poème ! si
je t’avais je me sentirais bien
mais je téléphone
à ma mère et lui demande
comment la
semaine prochaine préparer pour Pâques le riz aux
raisins secs
combien d’œufs de
Pâques colorer à la pelure d’oignon ?…
je chante à
tue-tête,
ma république a
décrété jour de lessive
à mille à l’heure
sur la pointe des pieds mon poème
entre dans la
chambre dit
qu’il a faim
que sur internet
il ne trouve rien d’intéressant
que demain nous
irons voir un film
puis il entrelace
ses doigts à mes doigts
et me chuchote à
l’oreille qu’il va tuer mon mari
je ris et en même
temps pense que
si ça continue,
je resterai chez moi
grand-mère répète
sans se lasser qu’à mon âge elle avait trois enfants
Traduction Yvette
Vartanian
տես՝ հայերեն
No comments:
Post a Comment