*
après
tout à quoi sert ne pas vivre
quand
le
frigo est plein
je
commence à apprendre à être triste, sérieuse
votre
sexe ne m’intéresse plus
la
semaine passée j’ai acheté une salière, des lunettes de soleil
et
une théière,
avec
soin j’ai admiré la lessive que j’ai étendue,
hier
mes amours perdus m’ont appelée et m’ont menacée de
rentrer
riches
et veinards
plaisants
par leur société
mais
surtout après la fête de Tsaghkazard
le
paganisme me chevauche
mon
cœur est à mettre à la poubelle
ma
sœur m’appelle de Marseille et répète
que
le cholestérol est très dangereux
qu’il
faut utiliser peu de sel et de beurre
bien
que nous soyons arméniens
il
faut courir le matin, non, au moins marcher à pas rapides,
jusqu’à
l’arrêt
tu
dis que ta mère a dit que Hasmik a maigri,
donne-lui
un peu de chocolat à manger
au
zoo je m’arrête devant la cage du lion
et
dis, mon pote je crois que tu as maigri
j’appuie
ma tête aux barreaux de la cage
comme
je l’appuierais sur ta poitrine velue
et
demande, hé, toi ! comment vas-tu ?
…après
la fête de Tsaghkazard je ne sais plus où jeter mon cœur,
le
style vieilli de mes larmes
et
crier à gorge déployée, c’est inutile,
dans
ce monde il y a encore des poings bien forts,
dans
ce monde il y a des gens qui crient plus forts que moi
et
des visages plus fatigués glissant-tombant du divan à terre
après
tout cela
je
ne sais plus :
tenir
l’article par la queue
ou
mettre un oreiller mou sous la tête de la poésie
continuer
de vivre avec toi sous le même ciel dans le même
quartier
ou
bien commencer à chercher du travail et aller aux cours de
langue
turque
comme
un vrai christ ?
Traduction Yvette
Vartanian
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