après tout à quoi sert ne pas vivre...

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après tout à quoi sert ne pas vivre
quand
le frigo est plein
je commence à apprendre à être triste, sérieuse
votre sexe ne m’intéresse plus


la semaine passée j’ai acheté une salière, des lunettes de soleil
et une théière,
avec soin j’ai admiré la lessive que j’ai étendue,
hier mes amours perdus m’ont appelée et m’ont menacée de
rentrer
riches et veinards
plaisants par leur société

mais surtout après la fête de Tsaghkazard
le paganisme me chevauche
mon cœur est à mettre à la poubelle

ma sœur m’appelle de Marseille et répète
que le cholestérol est très dangereux
qu’il faut utiliser peu de sel et de beurre
bien que nous soyons arméniens
il faut courir le matin, non, au moins marcher à pas rapides,
jusqu’à l’arrêt

tu dis que ta mère a dit que Hasmik a maigri,
donne-lui un peu de chocolat à manger

au zoo je m’arrête devant la cage du lion
et dis, mon pote je crois que tu as maigri

j’appuie ma tête aux barreaux de la cage
comme je l’appuierais sur ta poitrine velue
et demande, hé, toi ! comment vas-tu ?

…après la fête de Tsaghkazard je ne sais plus où jeter mon cœur,
le style vieilli de mes larmes
et crier à gorge déployée, c’est inutile,
dans ce monde il y a encore des poings bien forts,
dans ce monde il y a des gens qui crient plus forts que moi
et des visages plus fatigués glissant-tombant du divan à terre

après tout cela
je ne sais plus :
tenir l’article par la queue
ou mettre un oreiller mou sous la tête de la poésie
continuer de vivre avec toi sous le même ciel dans le même
quartier
ou bien commencer à chercher du travail et aller aux cours de
langue turque
comme un vrai christ ?


Traduction Yvette Vartanian

տես՝  հայերեն


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